Paris Express (1ère partie)

Le vendredi était réservé à mes "amants", Marc et Christian en tête. C'était assez systématique car je n'avais pas cours. Je me réjouissais de voir le premier avec qui j'avais rendez-vous pratiquement toutes les semaines des 9 heures du matin et qui me donnait l'impression d'avoir attendu notre plan cul toute la semaine. Je ne m'étais jamais lassé ni du corps de Marc ni de sa présence et je me réjouissais à l'avance de le voir pourtant, un jeudi soir, alors que je croyais que tout allait se dérouler comme d'habitude, Yvan changea son fusil d'épaule:

- Demain, tu vas devoir te lever à cinq heures. Tu pars à Paris. Tu te souviens de Luc ?

- Oui...

Luc était le vendeur de sex shop qui m'avait déjà emmené dans un entrepôt où j'avais cru que mon Master m'avait abandonné, je pense que vous vous en souvenez.

- Il viendra te chercher à la gare de Lyon et t'emmènera chez un de ses potes pour un plan SM. 

Sur ce, Yvan me tendis une boite. Ce fut mon premier téléphone portable. Il me l'avait offert pour garder sur moi un oeil encore plus attentif.

- Tes billets sont sur la table basse. Tu prends le train à 6 heures et tu rentre par celui de 18 heures. 

- Oui Yvan.

- Allez, va te pieuter. Il faut que tu sois en pleine forme demain.

Je ne discutai pas et allai dans ma chambre. J'essayai de dormir mais j'eus du mal à trouver le sommeil. Le lendemain matin, je me levais un peu avant cinq heures et j'allais dans le lit de mon Maître afin de m'acquitter de mon vidage de couilles matinal. Ce fut fait en quelques minutes et il m'envoya sous la douche. Pendant ce temps, il se leva et me sortit des fringues : un jean très usé, un pull à col roulé bleu marine, un boxer blanc, des chaussettes de tennis, mes chaussures montantes et mon bombers. Je m'habillai très rapidement après m'être séché et avoir évité de mettre du parfum. Il posa un baiser sur mon front et m'ordonna de filer à la gare. Nous n'avions pas échangé plus de trois ou quatre mots et j'appréhendais ce voyage. Quelques minutes plus tard, j'arrivai avec un quart d'heures d'avance à la gare de la Part-Dieu et je cherchai ma place dès que le train arriva à quai. Je m'installai et essayai de dormir. Je n'avais pas emporté de sac donc ni bouquin ni baladeur. Ce voyage d'aller fut un peu angoissant. Heureusement qu'il ne dura que deux heures. Dès mon arrivée sur le quai mon nouveau téléphone portable sonna une première fois. C'était Yvan :

- Tu vas être bien obéissant. Je le saurai si tu ne donnes pas satisfaction.

- Oui...

Il raccrocha puis, dans les secondes qui suivirent, le téléphone sonna à nouveau.

- C'est Luc, je suis au bout du quai. Grouille-toi, mon pote n'aime pas attendre.

Je remontai le quai très rapidement et aperçus vite Luc, sa silhouette musclée et son crâne aux cheveux très courts. Il me prit par la nuque sans un mot et me fit remonter les escalators jusqu'à sa voiture qui était garée dans un parking tout proche. 

- T'as peur ?

- Un peu...

- T'as raison d'avoir peur, mon pote n'est pas commode !
Nous roulâmes dans des rues de Paris que je ne connaissais pas et il se gara dans un quartier assez triste avec de grandes maisons grises et quelques commerces plutôt minables. Je ne disais rien. Je me concentrais pour te pas trembler. C'était assez difficile car je craignais Luc et les plans qu'il organisait ne me disaient rien qui vaille. 

Nous traversâmes une cour ou quelques mecs étaient assis à boire des bières dès le matin. Ils ne nous regardèrent que du coin de l'oeil. Un autre couloir, une autre cour. J'essayai de me repérer au cas où j'aurais du repartir tout seul. Je me disais que Luc était bien capable, après le plan de me dire "Casse-toi". J'avais vu une station de métro près de l'endroit où il s'était garé mais le dédale de cours et de couloirs que nous traversions était un peu compliqué. Nous entrâmes dans une seconde cour pavée que nous traversâmes en diagonale.  Nous pénétrâmes dans une grande pièce. C'était un loft immense, sans doute une ancienne usine. C'était un peu un endroit hybride entre un appartement et une galerie de peinture. Il y avait des colonnes et des tableaux étaient suspendus. L'endroit était volontairement assez sombre et je ne pouvais voir que le centre de la pièce où seul trônait un canapé assez défoncé. Luc me fit placer près de ce meuble complètement obsolète. Au bout de quelques secondes, une voix s'éleva d'un coin sombre de la pièce. Mes yeux s'étaient habitués et je me rendis compte qu'elle venait d'une mezzanine plongée dans l'obscurité.
- C'est toi Etienne ?
- Oui.
- Paraît que tu es très soumis.
- Oui.
- Ici tu es chez moi. Je m'appelle Vincent. Tu vas faire tout ce que je veux sans exception. Tu m'appartiens pour toute la journée. Il est dix heures et je ne te lâcherai que vers 16 h 30. J'espère que tu es résistant car je ne vais pas te ménager et nous n'avons pas beaucoup de temps.
- Oui.
- Ton Maître et Luc disent que tu encaisse bien, nous allons voir ça. Déshabille-toi. Ne garde pour l'instant que tes chaussettes et tes pompes et pose tes fringues sur le divan.
Après un rapide coup d'oeil à Luc je commençais à enlever mon blouson et mon pull dans un silence de mort. Je défis mes lacets afin de quitter mes chaussures pour ôter mon jean et mon boxer puis je les remis. La voix de la silhouette repris. 
- Bien tu es mignon, c'est un bon point pour moi mais un mauvais pour moi. Je suis toujours plus dur avec les jeunes hommes avec une belle gueule. Je vais te torturer et te faire torturer uniquement pour mon plaisir. Nous allons descendre dans ma cave. Tu pourras crier personne ne t'entendra. Allez Luc amène-le, attache-le et j'arrive. 
Luc me fit avancer vers un coin mal éclairé de la grande pièce et descendre un escalier. Là, des torches électriques éclairaient faiblement. Dans la cave, voutée, assez grande, de vraies torches qui dégageaient une légère odeur d'alcool à brûler éclairaient la pièce. J'avais déjà fait des plans un peu solennels comme celui-là mais j'étais quand même effrayé comme à chaque fois. Il faut se remettre dans le contexte, je n'avais pas encore 22 ans et même si j'avais une certaine expérience du SM, la mise en scène qui entourait chaque plan pouvait se révéler flippante. Luc me coinça la tête et les bras dans un pilori.

- Maintenant, tu vas attendre Vincent. Il va s'occuper de toi. Je dois aller chercher un autre mec et je vous rejoins dans une demi-heure. N'ai pas trop peur. J'ai promis à Yvan que tu ne ferais rien que tu ne puisse supporter.
Je ne répondis pas mais je commençais à transpirer lorsque je le sentis s'éloigner et que j'entendis ses pas remonter l'escalier. 

J'étais seul, dans une semi obscurité, immobilisé dans une position inconfortable, aux mains d'un inconnu dont la silhouette et la voix étaient très impressionnantes. J'avais peur... vraiment peur... Je ne bandais pas, j'avais déjà mal à la nuque et aux muscles du dos tant j'étais tendu. J'entendis des pas à nouveau. Quelques secondes plus tard, Vincent se tenait derrière moi et promenait ses doigts sur mon dos. Sa voix se fit un peu doucereuse lorsqu'il s'approcha de moi de plus en plus près. Je ne voyais pas son visage mais je me rendis compte qu'il était assez peu habillé et en noir. Il avait un tee shirt qui sentait une odeur forte de lessive assez déplaisante. Il passa sa langue sur mon dos.

- Je vais te faire souffrir. Tu pourras crier, personne ne t'entendra. Tu es en ma possession. Si je suis content de toi, tu reviendras. Ton Maître me l'a assuré. On commence ?
Je ne répondis pas. Il me frappa à coup de poing entre les omoplate.
- Première règle, lorsque je pose une question on répond "Oui Maître" ou "Oui Monsieur". Tu vas recevoir 10 coups de fouet sur le dos pour t'apprendre.
- Oui Monsieur.
J'avais le souffle coupé par le coup de poing mais je trouvais la force de répondre. Il passa devant moi. Il était entre deux âge, les cheveux très courts, très musclé mais avec un peu de ventre. Je distinguai bien son visage. Il était assez beau. Tout du moins, il me plaisait. Pourtant, ma peur s'amplifiait. Je me disais que tout était possible dans cette cave en plein Paris et ce n'était pas rassurant.
- On va commencer par un martinet. Je vais être gentil. Dix coups et tu vas les compter.
- Un... deux... trois... aaaah.... Quatre...
Il tapait fort d'entrer. A cette époque, je n'avais pas beaucoup fait d'aviron et j'avais un peu maigri donc les coups sur mon dos me faisaient plus mal que d'habitude et à chaque fois que les lanières s'abattaient sur moi, j'avais le souffle coupé.
- Sept... huit.... Aaah... neuf....
- Allez courage, la dernière.
- Dix....

Ma respiration se coupa une fois encore. J'avais mal mais c'était supportable. Ce que j'avais du mal à maîtriser était mon angoisse d'être enfermé dans ce lieu clos avec cet inconnu qui pouvait faire de moi ce qu'il voulait. Le fait qu'il ait été envoyé à Yvan par Luc était loin de me rassurer mais le pire était à venir.


A suivre