J'ai commencé à vivre tout seul à Lyon tout de suite après le bac. Je m'étais inscrits en face et mes parents avaient été mutés outre-mer. Certes, j'étais un peu jeune et inexpérimenté mais je me débrouillais bien. Dès septembre, au retour des vacances, j'ai commencé à fréquenter un groupe de copains homos un peu plus âgés. Je les avais rencontrés dans un bar gay et, même si je faisais figure du "gamin" de la bande, je les suivais dans leurs soirées avec plaisir. J'étais vraiment le plus jeune. Pour tout vous dire, je n'étais encore pas majeur et j'étais assez innocent sexuellement. Je n'avais eu que des expériences très furtives. Quelques pipes, pas encore de sodomie. Mes copains d'alors n'osaient pas me draguer ou alors je ne leurs plaisais pas. Il faut vous dire que j'ai fait ado assez longtemps et que je commençais juste à m'épanouir un peu. Je ne suis, encore aujourd'hui, ni très sportif ni très athlétique. Je suis un petit mec lambda aux cheveux blonds. A cette époque, au début des années 90, j'étais déjà comme ça. J'avoue que j'étais un peu jaloux des uns et des autres qui collectionnaient les conquêtes.
Un soir, Marc, un des mecs de la bande m'appelle pour me proposer une soirée chez Bertrand, un de leurs copains que je connais un peu. Nous sommes en septembre et je n'ai pas encore repris les cours. A chaque soirée, j'espérais rencontrer un mec et pourquoi pas atterrir dans son pieu mais niet ! Ce soir-là ne ferait sans doute pas exception à la règle. Ils me considéraient comme un gamin et je ne les intéressait pas, il fallait bien m'y habituer. Je me mets quand même sur mon 31. Enfin ce qui l'était à cette époque. Petit pull col V, jean 501 que j'avais choisi assez moulant car quand même, je suis assez fier de mon cul. J'ai l'impression que je n'ai que cela de bien donc je le mets en valeur. En ce début des années 90, nous avions tous des looks hypra classiques. Très "Blur". En tout cas, moi, j'étais le gentil garçon BCBG propre sur lui. Je pense que certains me surnommaient "le petit bourge". Ca m'agaçait au plus haut point mais je faisais avec.
Je monte dans la voiture de Marc et nous nous rendons dans le septième arrondissement, dans un immeuble moderne pour rejoindre Bertrand et ses copains. En fait, nous sommes les derniers ou presque et la fête bat son plein lorsque nous arrivons. C'est un apéritif dînatoire dirait-on maintenant. Je ne connais personne à l'exception de Marc et de Bertrand. J'enrage un peu. Je pensais qu'il y aurait quelques membres de notre bande de copains mais non. Une assemblée d'une dizaine de mecs qui parlent entre eux et ne me regardent pas. Comme d'habitude, je suis largement le plus jeune et je m'apprête à prendre congé un peu tôt lorsque, près du buffet, l'un des mecs vient me parler. Il est assez grand, carré, barbu, il a dépassé la quarantaine. Il est plus viril que tous les autres réunis. Je l'ai bien remarqué quand je suis entré mais il rigolait avec les autres alors je n'espérais pas du tout qu'il vienne me parler. Pourtant, il est là, à côté de moi et il me sert un verre de sangria (à l'époque, j'avais horreur de ça mais je l'ai accepté poliment). Sa conversation est banale mais son regard brun, intense me pénètre, me séduit, me fascine. Ses mains puissantes, ses avant-bras, tout son corps n'est que virilité et sensualité. Il n'entre pas du tout dans les canons de beauté de l'époque (tout au moins dans le milieu gay lyonnais) mais il me plaît énormément.
Nous passons la soirée à discuter, oubliant un peu les autres. J'ai envie de me blottir contre son torse, j'ai envie qu'il m'invite à finir la nuit chez lui, j'ai envie de sa queue. Je voudrais tant lui plaire. J'ai presque l'impression que c'est chose faite mais nous échangeons juste nos numéros de téléphones quatre heures plus tard.
Vers 1h Bertrand est fatigué. Il travaille le lendemain et me propose de me raccompagner. A contre-coeur, j'accepte. Je n'oserai jamais appeler le mystérieux Yvan. Il me dépose un bisou sur la nuque en guise d'au-revoir. Je crois que je viens d'avoir un coup de foudre pour un mec qui a 25 ans de plus que moi. Dans la voiture Bertrand me met en garde : Yvan est bizarre, un peu malsain. Il n'est pas pour moi. Je le laisse dire en pensant que de toute manière je ne le reverrais jamais... Comme je me trompe. Je vais vivre avec lui une histoire intense, une histoire de dépendance pas tout à fait saine c'est vrai mais qui va à la fois me combler et me déstabiliser. Je ne sais combien de fois je me suis masturbé en imaginant sa bite. Je ne le sais pas mais je viens de rencontrer mon maître es-sexe dans tous les sens du terme...
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